Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Mon Cinéma

19 octobre 2010

Une journée comme une autre

7h du matin dans un Paris grisonnant du mois de mars, je me retrouve assise sur mes cartons eux même posés sur le trottoir. Je frissonne, c’est à cause de cette maudite pluie qui refuse de s’arrêter. Les gouttes ruissellent sur mes joues et se mêlent à mes larmes. Je sais parfaitement que mon mascara coule, mais je m’en fiche. Je n’ai plus envie d’être jolie. La pluie pénètre dans les cartons. Or dans ces cartons, il y a toute ma vie et cette maudite pluie qui s’attaque à mon intimité. Ma vie stagne dans les flaques boueuses d’un trottoir du dix-neuvième arrondissement et je ne suis pas sûr qu’il en ira jamais autrement.

Je suis à la rue. Je n’ai plus de chez moi. Dans la barre de commentaires MSN j’ai du annoncer : Officiellement SDF ! Ca n’a eu l’air d’ennuyer personne. Je suis seule. Je regarde une voiture s’éloigner et la silhouette au volantqui ne se retourne pas. La silhouette d’un homme qui ne veut plus de moi. Une autre m’a remplacée, ce soir c’est elle qui couchera sous mon toit. C’est à cause d’elle que tout à commencé. Il a fallut qu’elle tombe amoureuse de lui, et qu’elle me mette à la rue dans la volée.

Mon portable sonne, c’est ma mère, je n’ai pas la force de décrocher.

J’ai choisi cette vie. Enfin, en quelque sorte. Je suis comédienne ! Pas de celles qui se font le cour Florent et vivent sous les toits dans un adorable studio mansardé payé par papa. Pas non plus de celles qu’un casting sauvage repère sur le bord d’un trottoir ou dans une boite de nuit. Non, moi je fais partie des puristes. Je viens du théâtre moi, madame ! Molière, Jouvet, Racine, autant d’ancêtres que je considère comme miens et qui m’ont appris qu’un véritable artiste ne se révèle que dans la misère, qu’il faut souffrir pour avoir du talent. Je suis donc montée à Paris, comme toute comédienne qui se respecte, la galère comme passeport pour la belle vie. Et la galère, croyez-moi, j’ai appris à connaître. Enfin presque !

En fait, je vais être hébergée par des amis. Dans un trois pièces avec un canapé pour moi toute seule, câble et connexion haut débit, mais SDF tout de même…

Je saisis l’un des cartons pour entamer les trois étages sans ascenseurs qui me séparent de ma nouvelle vie. Une vie de cartons et de dessous d’un canapé pour déballer mes précieuses affaires. Trois bouquins et une dizaine de dvd. La force de l’habitude, au fur et à mesure des déménagements, les cartons s’allègent, on apprend à ne plus s’attacher, histoire de ne pas avoir à regretter le jour ou il faut jeter pour manque d’espace.

Manque de place réalité fugace d'une vie dématérialisée. C’est fou la place que prennent ces objets inutiles que l’on appelle souvenirs. Moi, des souvenirs, je n’en ai pas. Bien trop occupée à me construire un avenir, j’ai déjà tout oublié du passé. De toute façon, il est facile à résumer : Pur bonheur ouaté dans la maison de mes parents jusqu’à 18 ans puis galère, galère, galère. Mais toujours le sourire aux lèvres.

Publicité
Mon Cinéma
Publicité
Publicité